Rapport analytique des liquidités par secteur et devise : T1 2020
Par l’équipe d’analyse de Fundata
25 mai 2020
Le début de l'année 2020 restera mémorable. La panique du marché qui a entraîné le taux de chute le plus rapide des bourses, dépassant celui du krach boursier de 1929, sera gravée dans les futurs manuels d'affaires et analysée en profondeur pendant de nombreuses années.
Il est presque certain que la plupart des gestionnaires de portefeuille, à l'exception de certains, comme Bill Ackman de Pershing Square, ne s'attendaient pas aux profondes conséquences économiques de la pandémie de la Covid-19. En pariant que la pandémie coulerait les marchés, le gestionnaire de fonds de couverture Bill Ackman a été capable de transformer un investissement de 27 millions de dollars en presque 2 milliards de dollars à l'aide de swaps sur défaillance. Mais c'est une exception.
Quand nous avons fait notre rapport du quatrième trimestre de 2019, les fonds étaient presque totalement déployés. Mais depuis lors, nous avons pu voir les niveaux de devise augmenter de manière significative pour un fonds moyen. Néanmoins, en raison de la rapidité de cette pandémie, la plupart de ces gestionnaires n'ont pas réussi à récolter des liquidités assez vite pour compenser les larges pertes, comme le montre la performance de nombreux FNB et fonds communs de placement depuis le début de l'année.
Pondérations moyennes de portefeuille pour les devises mondiales
Notre analyse se concentre sur l'industrie des fonds d'investissement canadiens au premier trimestre de l'année 2020, et sur la manière dont les gestionnaires de portefeuille répartissent le capital entre les principales devises. L'analyse de devises exclut toutes les quasi-espèces, telles que les obligations à moins d'un an d'échéance, et les espèces en caution détenues pour répondre aux clauses restrictives d'un contrat de prêt. Nous pensons qu'en excluant ces éléments, nous pourrons nous focaliser sur les espèces déployables des fonds de placement et évaluer le sentiment du marché. Nous analyserons ensuite les liquidités des fonds de placement au niveau des espèces et des quasi-espèces selon les secteurs, afin de comprendre quels secteurs verticaux les gestionnaires de portefeuille choisissent aujourd'hui de surpondérer ou sous-pondérer.
Le tableau 1 ci-dessous illustre les taux de croissance d'un mois à l'autre pour les principales devises mondiales.
Le graphique 1 illustre le pourcentage moyen d'espèces dans les fonds de placement canadiens pour neuf devises principales, dans un ordre séquentiel de janvier 2020 à mars 2020.
Espèces canadiennes et américaines en caisse
Le graphique 2 illustre la valeur moyenne des espèces en dollars, dans un ordre séquentiel de janvier 2020 à mars 2020. Le dollar américain avait une position nette de 3 620 919 899 $ en mars 2020. Le dollar canadien avait une position nette de 6 202 836 190 $ en mars 2020.
Ratio de liquidité des fonds de placement
Le ratio de liquidité des fonds de placement est calculé comme étant le montant de la trésorerie d'un fonds par rapport à la totalité de ses actifs. Il est important de déterminer ce ratio lors de l'analyse des placements et de la répartition du capital. Ce ratio a le pouvoir de donner des informations sur le flux de capital global vers des secteurs verticaux spécifiques, et sur le sentiment haussier ou baissier dans ces catégories de placement. Le tableau 2 liste les 10 meilleurs et pires fonds des secteurs applicables selon le ratio moyen de plus de 3 000 fonds de placement détenant un mandat pour investir dans les secteurs concernés. Le tableau 2 présente les secteurs les plus baissiers et les plus haussiers par ordre décroissant.
Les secteurs possédant le ratio le plus élevé sont surlignés en rouge, ce qui traduit une sous-pondération de leurs indices respectifs. Cela pourrait vouloir dire que les gestionnaires de portefeuille attendent une performance négative dans ces catégories.
Les secteurs possédant les plus faibles ratios sont surlignés en vert, ce qui traduit une surpondération de leurs indices respectifs. Cela pourrait vouloir dire que les gestionnaires de portefeuille attendent des rendements positifs dans ces catégories sur le court terme.
Analyse et perspectives
Beaucoup d'incertitudes se présentent pour l'année à venir, et beaucoup de grands stratégistes affirment que miser sur des sociétés spécifiques sera la clé d'un portefeuille performant. Au moment où j'écris, Amazon.com Inc. (NSD: AMZN) et Apple Corp. (NSD: AAPL) ont tous deux battu les principales estimations de bénéfices. Mais les analystes prennent en compte les incertitudes et les prévisions de bénéfices, causant un recul de certaines de ces sociétés. Netflix Inc. (NSD: NFLX) et Microsoft Corp. (NSD: MSFT), qui alimentent une utilisation accrue du travail à domicile et des loisirs, ont obtenu des résultats remarquables, mais citent également une incertitude croissante pour l'avenir.
Le géant énergétique Royal Dutch Shell (NYSE: RDS.A) a réduit son dividende, tandis qu'ExxonMobil (NYSE: XOM) a gelé son dividende pour la première fois en 13 ans. Sans surprise, les sociétés énergétiques connaîtront une volatilité considérable. Les cours du pétrole brut ont coulé en avril (les contrats à terme dont l'échéance approche sont d'ailleurs devenus négatifs pour la première fois dans l'histoire) à cause d'une guerre des prix entre l'Arabie Saoudite et la Russie, accompagnée d'un ralentissement économique, ce qui a créé une offre mondiale excédentaire. Ce n'est que récemment que ce surplus a commencé à diminuer.
La plupart des investisseurs doivent comprendre que bien que certains de ces géants aient tout de même battu les estimations de ventes et de bénéfices des analystes, le recul et la volatilité des prévisions de bénéfices est inquiétante. Étant donné que Wall Street fonctionne sur une base trimestrielle, le manque de prévision peut résulter en un plus grand nombre de surprises, négatives ou positives, ce qui mènera directement à d'importantes hausses, ou au contraire, à des chutes drastiques des prix des actions. La gestion active des fonds est devenue beaucoup plus importante maintenant que la volatilité du marché domine, qu'elle ne l'était dans le monde de l'après-crise financière, où un marché haussier constant prévalait.
Lorsque l'on regarde les graphiques ci-dessus dans leur totalité, les liquidités ont augmenté de manière stable depuis les valeurs basses de décembre. Cela pourrait constituer une tendance, alors que les économies du monde entier font face à cette situation sans précédent.
Le président américain Donald Trump prédit l'une des plus grandes reprises de l'histoire boursière, tandis que de nombreux autres observateurs pensent que la progression du marché boursier au cours du mois dernier a peut-être été trop optimiste. Pour mettre les choses en perspectives, la reprise d'avril a permis de récupérer plus de la moitié des pertes liées aux liquidations provoquées par la pandémie. Les investisseurs commencent à se demander si les niveaux actuels sont acceptables, alors que les taux de chômage atteignent des niveaux records au Canada et aux États-Unis, et que l'activité ne devrait probablement reprendre que partiellement et sur une période prolongée, avec des répercussions sérieuses et négatives sur les taux de chômage à l'avenir.